Un peu d’histoire
C’est en France, durant le dix-huitième
siècle que les plus beaux mobiliers de tous les temps ont été produits.
L’extraordinaire richesse des créations de cette époque peut être expliquée par
trois raisons principales :
A la fin du dix-septième siècle, la
France était le pays d’Europe le plus peuplé et le plus prospère. Evidemment, la Cour Royale avait
l’habitude de passer des commandes exceptionnelles, mais l’ébénisterie
précieuse était loin d’être réservée à une élite sociale. En fait, ces
mobiliers participaient également à l’ameublement de nombreuses demeures
bourgeoises, et quantité d’écrits dépeignent la somptuosité des intérieurs
parisiens.
De plus, le système des corporations,
avec ses règles strictes et sévères, maintenait les professions du bois dans un
cadre artisanal, seul garant de la qualité.
Finalement, un grand nombre d’artistes
étrangers vinrent s’installer en France, apportant leur talent et leurs
techniques, et y fondèrent parfois de véritables dynasties d’ébénistes.
Ainsi, au cours de cette période, la
renommée de l’ébénisterie française était grande et les clients venaient de
l’Europe entière pour acheter des mobiliers exceptionnels. Depuis André-Charles Boulle (ébéniste de Louis
XIV) jusqu’à Jean-Henri Riesener (fournisseur préféré de
Marie-Antoinette), les plus célèbres artisans au monde portèrent l’art du
mobilier à son apogée, conférant à la France une gloire unique au monde.
C’est en France qua ma famille a ses
racines. Des écrits et des outils signés prouvent que mes ancêtres directs
étaient charpentiers à Revel en 1742. Ils étaient fort connus pour avoir
réalisé de superbes escaliers et de grandes charpentes dans plusieurs châteaux
de notre région. Nous devons à mon arrière-arrière-grand père, Charles,
l’adjonction de l’ébénisterie précieuse aux spécialités de notre entreprise
familiale. En effet, lorsqu’il était compagnon charpentier, alors qu’il
effectuait son ‘Tour de France’, il rencontra un conservateur de Musée qui
devint un de ses amis et lui permit d’approcher de nombreux chefs-d’œuvre afin
de les reproduire. Finalement, son fils, François, décida, en 1887,
d’abandonner définitivement la charpente pour consacrer toute son énergie à la
reproduction de meubles précieux appartenant à des collections célèbres à
travers le monde entier. Son fils, Louis, continua dans cette voie et enrichit
encore davantage la collection de meubles existante. Mon père, René, habile
dessinateur, amena un nouveau dynamisme et décida d’orienter la collection vers
la reproduction des mobiliers les plus prestigieux, réalisés avec le plus haut
niveau de qualité. A cette fin, il a formé de nombreux jeunes.
Ainsi,
mon père et moi-même, dans le plus grand respect de la tradition, par notre
savoir-faire, nous contribuons, à notre tour, à ce que perdure le goût du beau
et l’excellence du travail. La force de notre entreprise est d’avoir su
conserver la même structure que celle de l’atelier du Roi au dix-huitième
siècle : ébénistes, marqueteurs, vernisseurs, ciseleurs, doreurs … douze
corps de métiers collaborant ensemble, en interne, pour perpétuer l’art des
Maîtres ébénistes français. Notre
clientèle est très diverse : chefs d’état, célèbres collectionneurs,
dirigeants d’importantes sociétés, ou, simplement amateurs d’œuvres d’art. Mon
objectif personnel est de communiquer le plus largement possible, dans le monde
entier, le savoir et l’enthousiasme dont j’ai été nourri : visites de
notre entreprise, voyages à l’étranger (Amérique du Nord, Asie, Pays du Golfe,
Pays de l’Est), conférences. Depuis une vingtaine d’années, riche de son
expérience et de son savoir-faire, l’entreprise propose une collection de
créations contemporaines dessinées par mon père. Nos mobiliers sont le résultat
d’une pratique mue par le respect et la passion de ce travail pour lequel il
n’y a que la main de l’artisan, dirigée par l’esprit et par le cœur, pour
atteindre la magnificence du dix-huitième siècle. Nous sommes fiers de vous la
présenter dans notre exposition située au sein de nos ateliers.
Méthodes de travail
Contrastant avec le développement
intensif de l’industrie de l’ameublement à travers le monde, la Maison Daïdé a
maintenu ses méthodes traditionnelles de travail. Plus soucieuse de la qualité
que de la productivité, notre entreprise a refusé le moule de l’uniformité et
est restée fidèle à une certaine idée de l’artisanat. Avec les ateliers Daïdé,
le travail impliqué dans la reproduction d’un meuble ancien commence toujours
par l’étude et l’observation détaillée du meuble dans de nombreux ouvrages,
dans les archives nationales et dans le Musée lui-même. Là, nous relevons la
forme, les dimensions précises du meuble, la façon dont il a été assemblé, les
espèces de bois utilisées ainsi que tous les détails décoratifs (marqueterie, laques,
bronzes). En résumé, ce sont quatre éléments principaux qui font la qualité
d’un meuble précieux :
1°) Perfection de l’ébénisterie. Tout
d’abord, nous sélectionnons les meilleurs matériaux : bois massifs d’une
parfaite qualité (séchés sous abri pendant au moins un an par centimètre
d’épaisseur), placages tranchés ou sciés conformes aux originaux, colles d’os
ou de poisson datant de l’époque égyptienne… Aucun changement avec le
passé ! Les machines ne sont utilisées que pour le corroyage et le débit
des bois. Après leur emploi, chacune des parties constitutives sera entièrement
travaillée et finie à la main avec les mêmes outils qu’au dix-huitième siècle
(bastringues, râpes, gouges,…) puis seront assemblées entre elles avec les
techniques traditionnelles d’assemblage (queues d’aronde, tenons et mortaises,
chevillages,…)
2°) Finesse de la marqueterie. Un
panneau de marqueterie peut-être comparé à un puzzle de bois dépeignant
différents motifs. Les pièces de ce puzzle sont découpées, individuellement,
dans des feuilles de bois de placage de différentes couleurs (buis beige, ébène
noir, amarante mauve, bois de rose saumoné,…). C’est le nombre de morceaux, la
variété des couleurs et la précision de la découpe qui apporteront à l’ouvrage
tout son raffinement. Une fois sciée, chacune des pièces de placage sera ombrée
dans le sable chaud. Ce délicat travail donnera le relief et la profondeur du
motif, comme on le fait en peinture. Après assemblage de toutes les pièces dans
un fond, le panneau de marqueterie sera enfin plaqué sur la carcasse du meuble
à l’aide de colles à chaud datant de la haute Egypte (colle d’os ou colle de poisson).
3°) Préciosité des bronzes. Une
sculpture en bois, recréée à partir de l’original, servira à prendre une
empreinte dans le sable où le bronze en fusion sera versé. Puis, le contour de
la pièce en métal sera redessiné et nettoyé (travail d’ébarbage). Finalement,
l’artisan interviendra comme ciseleur, gravant et remodelant les éléments
décoratifs: un travail très délicat, comparable à de l’orfèvrerie. Après quoi,
la pièce de bronze sera recuite pour être ajustée parfaitement à la forme du
meuble avant que de recevoir une épaisse couche d’or à 22 carats (dorure au
nitrate de mercure conforme aux méthodes du dix-huitième siècle). Sur les zones polies du métal, l’or sera
brillanté (écroui) à l’aide de pierres dures (agate ou hématite), donnant ainsi
un contraste fort avec la finition mate des parties ciselées.
4°) Finitions. La première couche de
vernis, polyuréthane, protège le meuble des températures élevées, des
variations hygrométriques et de l’action des rayons ultra violets. Puis six
couches successives de vernis cellulosique seront appliquées traditionnellement
au tampon. Evidemment, le type de finition est laissé au choix de nos clients,
dans le cadre de nos possibilités : vernis et dorure brillants ou
différents degrés de patine.
Pour conclure, nous emprunterons aux
pensées de Jacob (un des plus célèbres ébénistes du dix-huitième siècle) la
phrase suivante : « Les meubles sont comme les personnes : s’ils
sont mal faits, ils vieillissent vite ; s’ils sont bien faits, ils
supportent les ravages du temps et deviennent de merveilleuses
antiquités. »
Pierre
Daïdé
Créations contemporaines :
collection ‘Day Line’
Nos mobiliers contemporains répondent
au même souci de qualité que nos reproductions d’ancien. Aussi les méthodes de
travail sont elles rigoureusement les mêmes (matériaux, ébénisterie,
marqueterie, finition), seule l’inspiration diffère. Ces réalisations sont
avant tout des œuvres picturales qui, par la suite, acquièrent forme et
fonction pour devenir de véritables meubles.
A
l’origine, un dessin ou une toile de René Daïdé. Les thèmes sont très divers
(animaux, personnages, sujets abstraits) et la palette de couleurs flamboyantes
utilisée donne naissance à des meubles éclatants de couleurs.
Ainsi donc, après le carton ou la
toile, une marqueterie traditionnelle sera réalisée, à l’image de cette
grenouille :
Et finalement, notre marqueterie aux
grenouilles deviendra, à la demande du client, une table bureau servant de
présentoir à une collection de pierres semi précieuses :
Plus récemment, René Daïdé a enrichi la
collection contemporaine d’un nouveau type de mobiliers. Ici la marqueterie
disparaît pour faire place à des panneaux bois gravés et décorés de laques
polychromes à l’exemple de cette commode au tigre :